Justine Peyrot, Interactive Producer et ancienne présidente de Synerg'hetic
Justine est actuellement Interactive Producer chez makemepulse ainsi que jury chez The FWA. Durant son cursus à HETIC, elle a été présidente de Synerg'hetic, l'une des meilleures junior-entreprises de France. Issue de la P2017, Justine nous explique son métier et revient sur son parcours afin de donner des conseils.
Publié le 3/02/2021Bonjour Justine, tu es une héticienne de la P2017. Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m'appelle Justine, j’ai 27 ans et je suis issue de la P2017, du cursus Expert en 5 ans d’HETIC. J’habite actuellement à Paris et je suis Interactive Producer chez makemepulse, anciennement Interactive Producer pendant 3 ans chez Merci-Michel.
C’est quoi être Interactive Producer ?
C’est la grande question qu’on me pose souvent. Mon métier, c’est de développer toutes sortes de projets interactifs et digitaux allant des sites web à des applications mobiles, des jeux, des installations digitales en salon ou magasin, des applications AR/VR [réalité augmentée et réalité virtuelle], des filtres pour les réseaux sociaux.
Mon rôle est de diriger la production. Je m’occupe de toute la réalisation de ces projets : de leur conception, leur création et leur développement technique.
Je dois manager le client et ses attentes par rapport au projet et surtout diriger les équipes qui vont travailler sur le projet en interne (création, développement).
Je ne suis pas là uniquement pour organiser et gérer le projet, on met aussi les mains dans le cambouis. On donne notre avis, on émet des idées. On prend des décisions avec l’objectif d’élever le projet le plus haut possible, en faisant attention à conserver tous les paramètres du projet au vert : les paramètres budgétaires, le planning, la qualité du projet, faire attention aux échanges (est-ce que cela se passe toujours bien avec le client ? En interne, l’équipe est-elle heureuse de travailler ?).
Au quotidien, une journée classique ça donnerait quoi ?
On passe souvent du coq à l'âne. Il faut être très réactif. Je change souvent entre l’interne et l’externe sur les différents projets que je peux avoir.
En tant qu’Interactive Producer, on est vraiment touche-à-tout. On peut passer d’une réunion de conception d’un projet à une pour le développement d’une application. On doit toujours être très réactif à ça et à toutes les problématiques qui peuvent sortir de ces rendez-vous.
Il y a un fort aspect humain, beaucoup d’échanges avec le client et l’équipe : on doit être à l’écoute, les sonder. Nous sommes là pour donner le rythme dans les projets, nous ne pouvons pas constamment maintenir la pression durant toute une production. C’est à nous de connaître notre équipe et de connaître les moments forts de la production d’un projet pour savoir où mettre les efforts. C’est un rôle souvent sous-estimé car il n’est pas connu de tous.
T’occupes-tu de plusieurs projets en parallèle ?
Je travaille sur plusieurs projets en même temps. Actuellement, j’ai 3 projets en cours, chacun à des phases différentes. L’un d’eux en est à la phase de recette : il faut tester le site et vérifier que tout fonctionne bien. Un autre est en phase d’amorce : il s’agit de définir sa portée, ce qu’on va réaliser graphiquement et techniquement sur ce projet.
C’est pour cela que nous changeons constamment de domaine d’activité et de projet à longueur de journée.
Est-ce compliqué de gérer tous ces changements parfois radicaux ?
C’est quelque chose qui s’apprend avec le temps. Au début, ce n’est pas forcément facile. Il faut savoir prioriser, pas seulement au sein d’un projet mais aussi parmi tous les projets. On y prend goût. J’aime être dans le feu de l’action et avoir toujours quelque chose à faire. C’est un domaine dans lequel on ne s’ennuie pas : j’ai toujours des gens avec qui échanger. Au début ce n’est pas facile, il faut prendre le pli.
Comment s’est passée ton expérience professionnelle durant ta formation ?
J’ai commencé en H2. Quand je suis arrivée dans l’école, je n’avais pas beaucoup de connaissances par rapport au digital et à Internet. Au début, je n’avais pas de spécialisation. J’ai démarré en H2 avec un stage de 2 mois en développement web (un peu de frontend et de backend) dans un studio qui s’appelait Cheval de Troie. C’est quelque chose qui me tenait vraiment à coeur de découvrir le développement et d’en faire lors d’un stage. Je savais qu’à terme, cela me servirait quoi que je fasse. Je savais que je voulais me diriger vers du management et de la gestion de projet.
En H3, nous avions un stage de 3 mois et j’ai voulu changer radicalement de type d’entreprise. Je suis partie travailler chez 5e gauche, une agence de communication indépendante à l’époque et qui existe encore. C’était un milieu radicalement différent de celui de mon premier stage. Il y avait 50 personnes et nous étions beaucoup plus éloignés de la production. J’ai fait de la gestion de projet. C’était ma première expérience dans ce domaine. C’était très intéressant, j’avais vraiment envie de voir quelque chose de différent et j’en étais très contente.
En H4, pour mon dernier stage, j’avais encore envie de voir autre chose. Cette fois-ci au niveau culturel, puisque je voulais vraiment aller à l’étranger. Je suis quelqu’un qui voyage beaucoup et j’avais envie de profiter de cette période pour vivre l’expérience de l’expatriation à l’étranger. Je suis partie 6 mois au Cambodge, une destination qui n’est pas très prisée, mais c’était très intéressant. J’ai travaillé là-bas dans une petite agence française de communication (Melon Rouge) qui était peu développée d’un point de vue digital. J’y ai appris de nouveaux aspects du métier : la prospection, la partie commerciale, le développement d’un pôle digital, la création de postes.
En H5, je recherchais une alternance. J’ai postulé pour rejoindre Merci-Michel, un studio dans lequel j’avais déjà postulé les années précédentes (en H2 pour le développement web et en H3 pour la gestion de projet), sans succès car ils ne recrutaient pas à l’époque. J’ai persévéré en dernière année et j’ai à nouveau envoyé une candidature. Cette fois-ci, ils avaient besoin de quelqu’un et j’ai donc finalement pu intégrer ce studio que je rêvais de rejoindre. J’étais très heureuse. C’est là que j’ai commencé à me former en tant que Digital Producer.
En 4e année, tu as participé à l’aventure Synerg’hetic. Tu étais présidente de la Junior Entreprise de l’école, comment s’est passé ton mandat ?
Je garde de super souvenirs de Synerg’hetic. Mon mandat s’est très bien passé, nous nous entendions vraiment bien au sein de l’équipe. Il y a eu beaucoup d’investissement de la part des personnes avec qui j’ai travaillé. Cela a même duré plus d’un an, du processus de recrutement au moment où l’on sort de la Junior Entreprise, ce qui n’est pas vraiment le cas actuellement (je fais partie du comité d’orientation stratégique des anciens). Ce ne sont que des bons souvenirs. Ce moment a été un vrai tournant pour la Junior Entreprise, nous nous sommes beaucoup investis et avons tenu à faire une refonte globale de Synerg’hetic, surtout par rapport au fonctionnement en interne. C’était la première année que nous faisions partie des 8 meilleures Junior Entreprises de France. Cela n’a été que du positif pour nous, c’était un très bon mandat. Depuis, la Junior Entreprise n’a pas cessé de progresser et je suis très contente de pouvoir dire que j’y suis passé.
Avez-vous travaillé pour de gros clients pendant cette année ?
Pendant mon année à Synerg’hetic, nous avons travaillé avec de beaux noms : L’Équipe, BNP Paribas, Eurosport, EY. Mais nous avons aussi eu de très beaux projets avec de plus petits clients. Notre volonté, qui émanait du mandat précédent, c’était d’accompagner de plus en plus les entrepreneurs avec de petits moyens sur le développement de leur entreprise et c’est d’ailleurs ce qui nous a permis cette année-là de remporter le prix entrepreneur des Junior Entreprises, un grand prix très convoité et dont nous étions très fiers.
Je suppose que cette année c’est énormément d’expérience acquise et de bonheur, qu'est-ce que tu dirais aux étudiants qui hésitent encore à vivre cette aventure ?
La première chose que je leur dirais s’ils hésitent, c’est a minima d’aller voir de quoi il s’agit avant de prendre une décision. Nous avons un processus de recrutement très cool qui prend plusieurs semaines et qui permet vraiment de se faire une idée de ce que nous allons faire à la Junior Entreprise avant de postuler. C’est cela que je conseille aux gens.
Synerg’hetic, c’est une aventure comme une autre. J’avais beaucoup entendu, à l’époque, “moi je préfère faire du freelance”, “je préfère me concentrer sur les cours et les projets pédagogiques”, c’est un choix. Synerg’hetic ne correspond pas à tout le monde, ça ne marche pas toujours mais si on a envie de se lancer, il faut a minima voir de quoi il s’agit, échanger avec les administrateurs et tenter l’aventure si on en a vraiment envie.
Tu t’es ensuite orientée dans le project management, c’était une suite logique ?
Pas forcément, je dirais même que c’est plutôt l’inverse : c’est plutôt l’envie de m’orienter vers un métier de management et de gestion qui m’a donné envie d’aller à Synerg’hetic en tant qu’administrateur et surtout en tant que présidente. Je savais que ça allait m’apporter du bagage en plus dans mon métier même si ce que je fais aujourd’hui est relativement différent de ce que j’ai pu faire à Synerg’hetic.
Aujourd’hui, dans les équipes avec lesquelles je travaille, il y a beaucoup de management et d’échanges. Synerg'hetic est une association, nous étions étudiants et nous n’avions pas beaucoup de temps. J’avais davantage un rôle de meneuse puisqu’il fallait tenir le rythme. Je me rappelle que parfois, j’étais un peu plus strict avec mon équipe que je peux l’être aujourd’hui dans mon métier mais cette expérience m’a énormément apporté pour ce que je fais actuellement.
Tu es également jury The FWA depuis 2 ans, comment as-tu rejoint le jury ?
The FWA, pour ceux qui ne connaissent pas, est une plateforme en ligne qui recense et permet d’évaluer tout ce qui se fait aujourd’hui en termes d’innovation et dans le digital.
Pour ce qui est de rejoindre le jury, il est composé d’environ 400 personnes dans le monde. Lorsque je travaillais chez Merci-Michel, un de mes patrons en faisait partie et le fondateur de The FWA cherchait à diversifier le jury qui était exclusivement masculin. Il voulait l’étoffer avec des femmes du milieu et mon patron m’a mis en relation avec lui. Nous avons échangé à propos du site et du métier et j’ai rejoint le jury.
Est-ce que cela te force à constamment découvrir de nouvelles choses ?
Je ne dirais pas que cela me force. Même si je ne faisais pas partie de ce jury, je prendrais le temps de regarder ce qui se fait sur le site. Il est vrai que ça me force à me tenir à jour et à faire de la veille sur les nouveautés digitales mais c’est déjà obligatoire dans notre métier. C’est un peu plus compliqué, on est amené à évaluer les sites que l’on regarde donc on ne fait pas qu’y naviguer : on se pose des questions et surtout on compare pour donner une note objective au site. Oui, je découvre constamment de nouvelles choses grâce à ça mais si je n’étais pas jury, je le ferais quand même.
Est-ce que tu retrouves beaucoup de liens entre les différents postes que tu as pu occuper et le métier que tu fais aujourd’hui ?
Oui, puisque le métier d’Interactive Producer est vraiment un métier touche-à-tout. Toutes les expériences que j’ai eues à l’école, lors de mes différents stages ou dans les différents métiers m’ont apporté quelque chose. Je me sers par exemple de mon premier stage en tant que développeur web. Il me permet aujourd’hui d’avoir des échanges avec mes équipes techniques et de savoir de quoi elles parlent, ce qui est impératif dans mon métier.
Grâce à mon expérience en agence, qui est un milieu différent du studio, je sais comment elles travaillent en interne. Cela me permet de mieux appréhender les besoins et les demandes de nos clients. Tout ce que j’ai pu faire m’apporte quelque chose dans mon rôle actuel d’Interactive Producer.
Je suis très admiratif de ton parcours, quels conseils peux-tu donner aux étudiants qui souhaitent se former au métier d’Interactive Producer ?
Si je devais donner un conseil aux étudiants qui veulent faire ce métier, c’est déjà de tester pendant qu’ils le peuvent encore. Il est très important, pendant que l’on est encore à l’école, de profiter des différents stages pour tester de nouvelles choses comme de nouveaux types d’entreprises (agence, studio, annonceur, startup). C’est difficile de se projeter et de se faire une idée sans avoir testé. Il faut surtout être curieux. C'est un métier très intéressant, on ne s’ennuie jamais. Je travaille sur des projets différents, avec des clients variés, dans tous les domaines. J’ai pu faire de l'économie du gaming, travailler avec des marques mondialement connues. Cela me force tous les jours à apprendre de nouvelles choses et à me former à de nouvelles connaissances et ça, c’est extrêmement intéressant. Je conseille aux étudiants d’échanger avec les gens qui les entourent, de poser des questions et de persévérer.