Les héticiens contraints de s’adapter au travail à domicile
En un week-end, tout bascule. Fermeture du campus puis mesures de confinement : depuis le 16 mars, les cours se déroulent à distance. La situation est inédite. Intervenants et étudiants doivent trouver leurs marques. Les héticiens livrent un témoignage... maison.
Publié le 15/04/2020 — Temps de lecture 5 minJeudi 12 mars 2020, 20 h. Le président Macron annonce la fermeture des établissements scolaires, pour endiguer la propagation du virus COVID-19. En moins de 24 heures, HETIC confirme par mail aux étudiants qu’à partir du lundi suivant les cours auront lieu à distance. Une solution rendue possible par un outil qui avait fait ses preuves lors des grèves de transport, en décembre dernier : la plateforme de classe en ligne Blackboard Collaborate. Trois semaines plus tard, le confinement est toujours d’actualité, tout comme les cours en ligne. Mais pour combien de temps encore ?
Difficultés de concentration
Le confinement obligatoire rend la situation particulière et radicale. Il a fallu s’adapter, tant les élèves que les équipes pédagogique et administrative de l’école. Les cours en distanciel effacent les limites auxquelles les héticiens sont habitués. D’ordinaire, ils savent qu’être présents sur le campus de HETIC est synonyme de travail. Désormais, ils restent chez eux autant pour le travail que pour leurs loisirs, ce qui brouille leur organisation et rend la concentration plus difficile.
Cependant, le distanciel donne aux étudiants plus de disponibilité. C’est le cas pour ceux qui résident à plus d’une heure de transports en commun du campus de HETIC. Ces obligations de déplacement en moins, ils ont davantage de temps à consacrer à la fois à leur travail et à leur repos. Les héticiens sont plus en forme, plus disponibles.
Mi-mars, HETIC s'est transformé : le campus de Montreuil a fait place à la plateforme Blackboard Collaborate. (Photos © DR)
Comment maintenir l’attention
Une nécessité apparaît : adapter le format des cours à distance, en comparaison de ce qui se faisait en présentiel. Sans changement dans ces modalités pédagogiques, les journées de cours peuvent sembler longues, très longues. Il est plus simple de se concentrer et se reconcentrer en salle réelle, quand le professeur peut détecter et réveiller la qualité de l’attention.
Il n’en va pas de même à domicile. Les élèves sont plus facilement distraits. Tous les loisirs sont à portée de main, et l’intervenant n’est pas là pour surveiller. On peut être tenté de n’écouter que d’une oreille. Certains intervenants parviennent à maintenir l’attention en incitant les étudiants, durant une session Blackboard Collaborate, à participer à intervalles réguliers, par écrit, à l’oral ou par la réalisation de travaux pratiques.
Discord et pause-déjeuner
Parfois le confinement crée des situations compliquées à la maison. Certains étudiants passent leur journée entière avec l’activité de leur famille en bruit de fond. Ils sont aussi sollicités pour participer à la vie domestique, aux tâches ménagères. Tout cela n’aide pas à la concentration et à l’efficacité du travail à fournir pour leurs études. Il faut penser aussi à ceux qui se retrouvent isolés,éloignés de leur famille et de leurs proches.
Cette situation de confinement oblige à s’habituer à avoir moins de contact avec ses amis. En temps habituel, les héticiens ont sur le campus l’occasion de discuter entre deux cours ou lors de la pause-déjeuner. Depuis le basculement en distanciel, ils empruntent d’autres canaux de communication pour rester en contact au-delà des heures de cours. C’est le cas avec Discord, un outil de chat vocal et textuel, jusqu’à lors utilisé surtout par les gamers.
Des bénéfices variables
Dans une salle de classe, les intervenants dirigent leur cours à la manière dont un chef d’orchestre conduit sa formation. Cela demande une certaine maîtrise et de la discipline. Il faut encadrer tous les étudiants, leur transmettre des connaissances, tout en prenant garde à ne pas les désorienter.
Quand l’intervenant perd la possibilité d’interagir directement avec les étudiants, ceux-ci se retrouvent d’une certaine façon livrés à eux-mêmes. Pour les plus autonomes et les plus rigoureux, le distanciel devient une opportunité de prendre du recul par rapport aux notions, d’avancer à leur rythme et de développer leur compréhension des sujets de travail qui leur sont proposés.
Chahut en ligne
La capacité des intervenants à encadrer les étudiants est mise à mal par le système de cours en ligne. Pourtant elle reste indispensable. Durant la première semaine, des groupes d’étudiants ont vu certains de leurs membres profiter du système pour chahuter sur la messagerie instantanée de Blackboard Collaborate. Ces perturbations ont déplu à beaucoup. Malgré les plaintes, elles se sont intensifiées au fur et à mesure de la semaine.
Tentation de se dissiper, baisse de l’attention générale : les premiers jours confirment que les cours en distanciel réclament de la rigueur et de l’organisation. Après tout, ce n’est pas évident de travailler dans un environnement qui symbolise le confort et le repos. Ce qui est le cas d’une chambre d’étudiant.
Échanges et participation active
Certains cours se révèlent par ailleurs plus adaptés à la classe en ligne que d’autres. Attention et participation sont similaires en présentiel et en distanciel dans une matière comme le design, là où la construction d’un cours d’anglais va reposer sur une participation active et les échanges directs.
Les équipes pédagogique et administrative de HETIC ont fourni des efforts pour s’adapter à la situation actuelle et intervenir face à ces enjeux. À de nombreuses reprises, elles ont fait savoir qu’il était possible, en cas de besoin, de les contacter par mail. Elles ont transmis des questionnaires, organisé des réunions en fin de semaine avec des étudiants pour mieux adapter les cours.
C’est toute la vie de l’école qui se réorganise petit à petit en distanciel. On a par exemple pu assister sur Blackboard Collaborate à une conférence de Stan Larroque — un ancien héticien créateur d’un masque de réalité mixte, virtuelle et augmentée — et à des cours de sport en ligne. Qui sait si ces initiatives ne seront pas maintenues par HETIC dans les années à venir ?