Interview

Thomas Sanlis, un Indie Maker dans l’âme

Kélia Siao
Kélia Siao

Alumni du programme Grande École P2019, Thomas Sanlis est aujourd’hui freelance et Indie Maker. Il revient sur ses nombreux projets et la lucidité nécessaire pour les concrétiser. Savant mélange entre rigueur, passion et ambition.

Publié le 2/11/2022 — Temps de lecture 5 min

Peux-tu te présenter ?

Après un an d’IUT Informatique, j’ai intégré HETIC en deuxième année du programme Grande École, formation que j’ai terminée il y a maintenant trois ans. Dès que je suis rentré à HETIC, je savais déjà que je voulais devenir développeur web : chose faite puisque aujourd'hui, je suis développeur en freelance depuis 2 ans et demi.

Comment as-tu su directement ce que tu voulais faire plus tard ?

J’ai appris le développement web en autodidacte à 14 ans, à travers des serveurs Minecraft qui me permettaient de modifier le jeu. Je n’avais pas un niveau incroyable, mais c’est en IUT Informatique puis à HETIC que j’ai vraiment commencé à monter en compétences.

Pourquoi t’es-tu alors orienté vers le programme Grande École ?

Lorsque je suis arrivé, à l’époque, HETIC ne possédait pas autant de formations qu’aujourd’hui : un MBA Marketing, le bachelor 3D et le programme Grande École. Le fait de voir plusieurs matières m’a énormément aidé par la suite, particulièrement dans ma recherche d’alternance. Bien que je fasse du dev au quotidien, j’aime être touche-à-tout : du design, du marketing, de la communication.  

Tu as dit être freelance, comment as-tu commencé ?

J’ai commencé à travailler en freelance en H2 afin de pouvoir payer l’école et mon loyer. J’ai démarré via la plateforme de freelance crème de la crème qui venait alors de se lancer. À l’époque, ils n’acceptaient que les personnes de certaines écoles dont HETIC. Après avoir trouvé une mission, j’ai ensuite enchaîné les suivantes : le bouche-à-oreille fonctionne très bien surtout dans le monde des start-ups.

Aujourd'hui, ta principale activité est d’être freelance, pourquoi avoir fait ce choix plutôt que d’être salarié en entreprise ?

Il y a plusieurs raisons qui font que je ne suis pas adapté à l’entreprise :  je m’ennuie très vite et travailler sur un seul produit me lasse rapidement, ce qui me désintéresse du projet et me fait devenir mauvais.

Ce que j’aime, c'est davantage la partie création que la partie développement. Quand j’ai rejoint l’entreprise dans laquelle j’étais en CDI elle venait à peine de se lancer, nous étions 4 et lorsque je suis parti, nous étions 30. Je suis passé d’être le seul développeur à une équipe tech mature. Je préfère voir directement ce que je fais, car lorsque ça prend trop de temps à être réalisé, je me désintéresse rapidement.

Tu préfères créer complètement tes projets ?

Absolument, ça fait même depuis très longtemps que je crée mes projets. J’ai la chance de pouvoir travailler sur mes projets 1 à 2 jours par semaine. Je ne fais pas du freelance à temps plein, mais par contre il faut trouver le client qui accepte cet emploi du temps.

Quels sont tes différents projets ?

J’en ai pas mal, je pense que je dois approcher la trentaine de projets (dont la plupart ne sont plus en lignes aujourd’hui), mais actuellement, je travaille réellement sur deux projets. Le projet sur lequel je travaille depuis trois ans s’appelle Uneed qui est une liste d’outils : chaque jour, je rajoute un outil à la main et l’utilisateur peut créer son compte, créer ses propres listes d’outils. 

Mon deuxième projet, un peu plus complexe, est un website builder (constructeur de site en français), qui est un outil qui permet de faire des sites sans coder avec un aspect visuel particulier puisque ce sont des cards que l’on place sur une grille. 

L'idéation, la mise en place de tous ses projets te prennent beaucoup de temps ?

Il faut savoir que j’utilise tout le temps la même stack et les mêmes outils. Ce n’est pas non plus tant compliqué de trouver les idées : je passe ma vie sur Twitter et à force de voir des gens créer des projets, les idées viennent facilement. Ce qui est vraiment dur lorsque tu es tout seul et développeur, c'est de faire le marketing, c'est-à-dire vendre ton projet. 

Tu te définis comme un Indie Maker, mais en quoi cela consiste concrètement ?

Ce sont des personnes très touche-à-tout qui n’ont pas forcément l’envie de créer une start-up, de lever des fonds et d’embaucher des personnes. Ils décident donc de faire des projets pour le plaisir et parfois pour l’argent.

C’est comme si tu voulais créer Tesla, mais qu’à la place, tu ouvres une boulangerie. Des boulangeries, il y en a mille, c’est comme les projets que les Indie Maker font, ça ne révolutionne rien, ce sont des choses qui existent déjà. Mais malgré cet aspect, tu peux obtenir des clients : il y a plein d’entreprises qui se partagent le marché aujourd’hui. 

Est-ce que tous ces projets t’ont apporté quelque chose au niveau personnel ?

Carrément ! Par exemple pour Uneed, bien qu’il ne me rapporte pas énormément d’argent, il y a quand même beaucoup de visites, ce qui m’a permis d’avoir des missions freelances. Au-delà de cet aspect, ça me permet d’être au courant de tout : aujourd’hui, je sais comment fonctionne le marketing, le SEO, le design, etc. Je suis un expert nulle part, mais je touche à tout. Disons que lorsque tu es salarié pour un poste défini, voir tous ces aspects est un peu plus compliqué.

Qu’aimerais-tu dire à quelqu'un qui souhaite se lancer dans ses projets ?

Il faut savoir que c’est très dur d’être satisfait de ses projets lorsque l’on fait tout de A à Z, il y aura tout le temps des choses que l’on ne trouvera pas à la hauteur.  De plus, il faut savoir que même si on a l’idée du siècle, il y a de très fortes chances que ça ne marche pas : ce n’est pas tant l’idée qui importe, mais plutôt la capacité de l’Indie Maker à la vendre.

Avant de lancer son projet, il faut se demander pourquoi est-ce qu’on le lance, il ne faut pas tout de suite développer son projet, il faut trouver qui vont être nos clients, leur parler avant, etc. 

Il est aussi important de se faire une audience (que ce soit sur LinkedIn, Twitter). Je vois beaucoup de personnes réaliser plein de petits projets sans avoir de réels retours, car ils n’ont personne à qui en parler et n’arrivent donc pas à les vendre.