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Trouver sa vocation à travers des projets, c’est ce qu’a fait Alban Delachaume

Nour Mechitoua
Nour Mechitoua

Arrivé à HETIC après une première année de communication à la Sorbonne, Alban s'est pris de passion pour le design. Il a également remporté un Awwwards pour son portfolio, ce qui lui a permis de se faire reconnaître par ses pairs.

Publié le 11/02/2021

Bonjour Alban, je te laisse te présenter !

Alban Delachaume : Je m’appelle Alban Delachaume, je suis actuellement en 4ème année au sein du cursus Grande Ecole. Je suis entré directement en 1ère année, j’ai suivi l’enseignement classe par classe, promotion par promotion. Je me suis orienté vers le design.

Tu es un designer passionné, qu’est ce qui t’as poussé vers le design ?

Alban : Pour être honnête, quand je suis arrivé à HETIC, je sortais d’une année de communication à la Sorbonne. Au début, je m’orientais vers une formation assez courte, donc sur les Bachelors.
Je ne savais pas encore quel Bachelor choisir et, de fil en aiguille, je me suis plutôt orienté vers le programme Grande École, compte tenu des ressentis des autres étudiants. Au début, je venais pour le côté développement web et chef de projet.

C’était ce qui m’intéressait le plus et, au fur et à mesure, je me suis pris de passion pour le design et tout ce qui est en lien avec. Pour ce qui est du développement web, je me suis tout de suite rendu compte que je n’aimais pas ça au point d’en faire tous les jours.
La deuxième année a été un déclic. Après des cours de design d’interface, je m’en suis pris de passion. J’essaie de toucher à tout dans le design, que ce soit le côté créatif ou le produit. C’est ce que j’aime le plus actuellement et c’est ce qui me passionne.

Quelle est ta vision du design web ?

Alban : Je trouve que le web apporte une certaine liberté. J’ai eu l’occasion de travailler dans le côté application aussi et le web apporte énormément de liberté, on peut notamment pousser le côté créatif au maximum.
De nombreuses déclinaisons sont plus faciles à envisager sur les interfaces web que mobiles. 
Cependant, avec les avancées technologiques comme l’AR [Réalité augmentée] et la VR [Réalité virtuelle], on peut retrouver de nouveaux concepts intéressants sur mobile. 

Je n’ai pas forcément de préférence, j’apprécie les deux. Il y a certains moments où je vais aimer faire du mobile pour le côté carré, et d’autres où je vais être sur du web, donc plutôt interface web. Dans le dernier cas, je peux laisser ma créativité parler. J’aime vraiment cette manière de travailler.

Comment décrirais-tu ton processus créatif ?

Alban : Je fonctionne énormément en binôme depuis la H1, avec François-Xavier Manceau.
On se pousse mutuellement à faire des projets, à se challenger. 
J’apprécie d’avoir la tête sous l’eau et de devoir travailler sans relâche. On s’envoie énormément d’inspirations, qu’on place dans des Notion notamment. 
Lorsqu’on voit des sites intéressants et originaux, on se dit “pourquoi pas nous et pourquoi ne pas essayer de les faire”. 

Ce processus là, c’est beaucoup de veille. J’essaye toujours de me créer un compte professionnel en plus de mon compte personnel pour dissocier tout ça.

En 2ème année, tu as gagné un Awwwards en sa compagnie. Comment as-tu vécu cette première récompense ?

Alban : Pour situer un peu le contexte, il nous a été proposé, au mois de février lors de notre 2e année, de nous lancer dans la création d’un portfolio. 
Au début, je me suis mis avec François-Xavier car il fallait le développer en binôme. Nous n’étions pas partis pour avoir un Awwwards mais plutôt pour produire un site qui nous plairait à tous les deux.

À l’époque, en tant que développeur, François-Xavier voulait se lancer un challenge en utilisant ThreeJS [3D sur le web] et c’est vrai que je voulais faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire. 
L’Awwwards est venu au fur et à mesure. Notre professeur en 2e année, Bruno Simon, est très habitué à ce monde là. On a donc eu l’occasion de le découvrir.
C’est également un challenge de pouvoir prétendre à un Awwwards ou à d’autres récompenses en 2e année. 
Pour cela, on a enchaîné les nuits blanches. On a reçu plusieurs récompenses pour une première expérience, on en est assez fier.

Tu es Young Jury chez eux, mais que fait Awwwards ?

Alban : Awwwards est une plateforme qui propose à des professionnels (agences, particuliers…) de partager leur sites pour acquérir des récompenses. Ils sont notés par des experts et aussi du coup par, ça se divise en 2 parties, le main-jury et le Young jury. Je fais partie du Young Jury et mon but est de voter pour les sites qui sont proposés. Tous les jours, je dois en noter 4 à 6. Ils peuvent remporter un prix ou non.

Pour le main jury, c’est la même chose mais avec un processus plus poussé.
Cela permet de voir ce qui se fait actuellement sur le web et de se renseigner sur les dernières créations.

Pendant ta 3e année, tu as organisé un workshop de 3 jours à HETIC. Qu’as-tu retenu de cette expérience ? Envisages-tu de faire cela plus tard, par exemple en étant intervenant dans une école ? 

Alban : C’est quelque chose qui m’a toujours un peu passionné, de pouvoir partager ce que j’ai appris.

Durant ma 3e année, j’ai pu être jury lors d’une semaine de projet en design et ça m’avait fait plaisir car j’avais pu donner deux cours avec Gaëtan Avez sur des logiciels de Design. C’était super intéressant.

Le workshop s’est présenté à moi car HETIC recherchait quelqu’un pour proposer un atelier UX/UI sur 3j. J’ai adoré pouvoir créer des ateliers, gérer mon planning,  voir ce que je n’avais pas eu dans ma formation pour leur donner à eux. Ce qui était bien, c’est qu’il y avait des niveaux différents. Il fallait que je m’adapte. Le fait de donner un cours m’a montré que ce n’était pas si simple et que ça prenait énormément de temps. Mais dès que l’on se retrouve devant son auditoire, c’est super de pouvoir transmettre des savoirs. Ça a été un réel plaisir à faire.

C’est quelque chose auquel je pense de plus en plus, à être intervenant à côté de mon métier à l’avenir. J’adore cela, donc pourquoi ne pas devenir intervenant à mes heures perdues !

Réalisé durant son stage de fin de deuxième année à Viens-là, Alban Delachaume a imaginé le site de Marussia Beverages (© DR)

Tu as effectué ton 1er stage en tant que UX/UI Designer chez Netatmo, une entreprise qui conçoit des objets connectés innovants pour la maison.
Qu’est-ce que cette première expérience professionnelle t’as apporté et qu’as-tu fait durant ce stage ?

Alban : Je voulais me challenger parce qu’on n’avait pas fait de mobile jusque-là et Netatmo est une application, donc uniquement sur mobile. Je voulais vraiment me lancer un défi par rapport à cela et aussi acquérir toute la rigueur liée au design system parce que c’est quelque chose que j’adore. Ça été un bon moyen de découvrir ce que je ne connaissais pas jusqu’alors. Netatmo m’a permis d’apprendre à gérer plusieurs produits et à les uniformiser via un design system. Ça a été une super expérience, j’ai travaillé avec des équipes très compétentes dans le domaine, j’ai adoré.

Encore une fois, c’est parti du constat “je n’ai pas ces compétences, alors je vais les acquérir”. C’est le cas pour tous mes projets. J’ai vraiment aimé mon expérience chez Netatmo.

Tu as décidé de faire ton 2e stage en tant que directeur artistique chez Viens-là, un studio créatif spécialisé en Branding & Digital.
Pourquoi avoir choisi cette entreprise en particulier, sachant qu’après avoir gagné un Awwwards, on a généralement plusieurs propositions qui s’offrent à nous ?

Alban : J’avais envie de partir à l’étranger pendant l’année, j’avais notamment eu des offres au Canada. Mais je me suis rendu compte que Viens-là était un meilleur choix.

Cela fait 3 ans que Viens-là est nominé en tant que studio de l’année par Awwwards. Il faut reconnaître que c’est une sacré agence. Forcément, c’est une superbe opportunité pour moi. J’ai passé un entretien et j’ai immédiatement adhéré avec leur façon de penser. Viens-là se présente comme une agence très créative auprès de ses clients et j’avais besoin d’essayer autre chose. Pour moi, les stages sont des opportunités pour tester ce que je n’ai pas encore fait.

Viens-là, c‘était ce dont j’avais besoin. Pouvoir travailler ma créativité avec des directeurs artistiques qui ont des années d’expériences, c’était très instructif pour moi.

Quand je suis arrivé, on m'a donné beaucoup d’opportunités. J’ai géré des projets presque seul. J’ai appris à stimuler ma créativité et à l’appliquer sur de nombreux projets durant 6 mois.

Peux-tu nous parler plus en détail de tes missions durant ce stage ?

Alban : Nous, les directeurs artistiques, intervenions dès le brief du client et nous proposions des moodboards et des benchmarks selon ses besoins. Nous faisions aussi un peu d’UX si besoin.

Nous suivions le projet de A à Z, c’était à nous d’être force de proposition et d’avoir des idées qui sortaient de l’ordinaire.

Par exemple, si je peux citer un projet qui m’a vraiment marqué, il y avait celui de Marussia Beverages. J’ai travaillé avec le directeur artistique de l’entreprise et un freelance qui travaillait précédemment chez Viens-là.

On a pu proposer chacun nos pistes, discuter avec le client et travailler ensemble. On était deux sur le projet et à la fin, nous avons remporté une récompense sur Awwwards. L’idée était vraiment ambitieuse, il fallait faire une carte interactive pour l'ensemble de leur site. J’ai adoré travailler sur cela.

Visuel réalisé pour l'application Temps Écoulé, designée par Alban Delachaume (© DR)

Une création sur laquelle j’ai travaillé seul était le jeu Temps écoulé. Il a été développé très rapidement. On m’a prévenu le 1er avril, je pensais que c’était une blague et finalement on l’a sorti 2 ou 3 jours après.

Je me suis occupé de toute la création et c’était un travail très intéressant. On a eu de bons retours sur le jeu, c’était pendant la période du confinement donc les gens avaient besoin de se distraire. On a passé de bonnes soirées à travailler dessus et à l’essayer. Ça a été une vraie fierté d’y avoir participé.

Aujourd’hui, tu es en 4ème année du programme Grande Ecole mais également freelance. Comment arrives-tu à gérer ton emploi du temps entre les cours et les projets indépendants ?

Alban : J’ai connu les deux périodes : celle où nous étions en présentiel et celle à distance. En présentiel, quand on est freelance, on travaille le soir et les week-ends, c’est comme cela que l’on s’organise. En distanciel, l’avantage c’est que j’évite de passer 3 heures dans les transports. Ça me permet de travailler sur ces projets dès la fin de mes cours et donc de gagner pas mal de temps.

Sinon, être freelance c’est un plus donc cela demande aussi de sacrifier des moments sur son planning. Moi, je le fais volontiers car c’est quelque chose qui me plaît. C’est surtout comme ça que je m’organise.

Comment arrives-tu à trouver des clients ?

Alban : Je ne suis freelance que depuis cette année, j’ai eu 3 missions jusqu’à présent. Pour l’une d’entre elles, on m’a contacté via une plateforme (Malt ou Linkedin, j’ai un doute) et pour une autre, c’était une connaissance. Je fonctionne pas mal grâce aux contacts et aux réseaux sociaux. Cette année, je suis surtout resté passif parce que je n’avais pas trop de temps à certains moments.

Comment arrives-tu à t'en sortir, si jamais tu es en manque d’inspiration ?

Alban : Ça peut arriver, ça dépend beaucoup de mon humeur et surtout avec les conditions actuelles, quand on est chez soi, ça peut être assez compliqué. Moi, j’ai de la chance de pouvoir me motiver avec mon duo, François-Xavier. Des fois, quand on a un coup de mou, on se soutient et on se booste.
Quand il était en stage à New-York, je venais sur Discord avec lui les week-ends et on travaillait ensemble jusqu’à 4 ou 5 heures du matin. Je commence surtout par un peu de musique et des discussions puis j’essaye de me mettre dans ma bulle.

Quand ça va moins bien, j’essaie quand même de créer et si ça ne sort pas, je ne me mets pas de pression. Il ne faut pas se dire « ça fait longtemps, il faut que je sorte un projet ».

Aurais-tu des conseils pour les personnes qui aimeraient faire de même ?

Alban : Si j’avais quelques conseils, déjà pour trouver des clients plus facilement : avoir des réseaux sociaux actifs ou un portfolio pour montrer son travail. Je sais que ça m’a aidé. Il faut savoir se vendre. Quand on est designer, on se vend avec nos créations. Inversement pour les développeurs, ils se vendent avec les sites qu’ils ont pu faire.
Un portfolio est un CV en ligne. Nous, notre CV, c’est de montrer tout ce qu’on a réalisé.

Pour finir, quel est le projet dont tu es le plus fier ?

Alban : Je dirais que c’est celui qui m’a apporté le plus de joie durant sa réalisation, c’est-à-dire mon portfolio puisque c’est celui pour lequel je me suis le plus démené. Après, il y a également d'autres projets réalisés dans des cadres différents, comme le jeu cité précédemment.

Mais il y a aussi des projets en interne, qui ne sont pas sortis, par exemple le design system chez Netatmo où l’on peut collaborer et proposer de nouvelles manières de le traiter. J’essaie de tirer des aspects positifs de chacun de mes projets, c’est ce qui me plaît et me motive.

Un dernier mot pour pour la fin ?

Alban : Aujourd’hui, de nombreux designers se concentrent uniquement sur le design et l’esthétique mais je pense qu’il faudrait davantage se concentrer sur d’autres choses, par exemple toutes les connaissances techniques dont on a besoin. Il faut ainsi savoir ce qui est réalisable ou non, travailler l’UX, se renseigner sur les métiers qui nous entourent pour réaliser des projets qui intéressent tout le monde et dont on est satisfait. Il est important d’avoir le plus de compétences possible, même si ce n’est pas dans notre domaine de prédilection.